Stèle du navigateur Alain Gerbault

 


Le navigateur Alain Gerbault

Alain Gerbault est né à Laval le 17 novembre 1893. Durant la Première Guerre mondiale, il est engagé volontaire dans l'aviation. Il remporte quelques victoires, grâce à sa force tactique. Après la guerre, il se lance dans les affaires sans succès. Puis, il pratique le tennis, discipline dans laquelle il gagne plusieurs tournois.


En 1921, il change radicalement de vie. Il achète, en Angleterre, le Firecrest, un cotre de course, qui n'est plus de toute première fraîcheur. Néanmoins, il réalise en 1923, une première traversée d'est en ouest de l'Atlantique en solitaire. De Gibralta, il atteint New York en 101 jours. Une navigation longue et laborieuse où le manque d'expérience dresse dans son sillage de multiples erreurs. Loin d'être salué par ses pairs navigateurs, il sera traité en amateur "ayant su se faire valoir par ses écrits et sa cote auprès des médias".


Alain Gerbault le précurseur

En 1924, il repart des Etats-Unis vers les mers du Sud, il rallie Tahiti, les Fidji, la Réunion, le Cap de Bonne Espérance, Sainte Hélène, le Cap Vert, les Açores. En 1929, il entre au Havre, bouclant ainsi le premier tour du monde en solitaire réalisé par un Français. Son exploit lui vaut la Légion d'honneur et une renommée internationale.


En juillet 1931, le firecrest trop vieux, coule lors d'un remorquage. Le navigateur construit un autre voilier, qu'il appellera "modestement", L'Alain Gerbault.


Il repart de France en 1932, pour les îles du Pacifique. Il atteint les Marquises en 1933, les Tuamotu en 1934, Tahiti en 1935. Il choisit comme port d'attache, Bora Bora "l'île aimée entre toutes". D'île en île, il passe son temps à défendre la cause polynésienne contre le colonialisme qui tue sa culture. Les intellectuels gardent de lui, l'image du défenseur des traditions locales, des chants, et des danses interdites par les Eglises et l'administration. Il tente aussi de combattre l'alcoolisme chez les jeunes en instaurant le culte du sport. A Bora, par exemple, il fait couper des flamboyants centenaires de la Place Matai pour que les jeunes y jouent au football.


Dessin du navigateur

Le souvenir qu'il laisse dans les îles est tout autre. J'ai entendu plusieurs fois parler d'Alain Gerbault en termes peu élogieux. Certains se rappelant que leurs parents disaient qu'il était si pauvre, que les insulaires lui fournissaient la nourriture. Le mot "pique-assiette" a été murmuré plus d'une fois tandis que d'autres déplorent son manque d'hygiène, son homosexualité et l'alcoolisme aigu dans lequel il se perd.


Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, il prend le parti de Pétain. Les choses se dégradent alors réellement entre lui et les Polynésiens. Il quitte l'archipel, pour une errance dans le Pacifique qui le conduit jusqu'au Timor. « Usé, très maigre, les cheveux entièrement blancs", il s'échoue sur sur le récif. Son bateau perdu, Alain Gerbault est emmené à l'hôpital, il y mourut, de la malaria, le 16 décembre 1941 à l'âge de 48 ans.


Timbre hommage à Alain Gerbault

"En France et à Tahiti, on n'apprendra sa mort qu'après la guerre. Son cercueil est ramené par l'aviso Dumont Durville, en septembre 1947. Il est enterré sur la place de Vaitape à Bora Bora, selon son dernier souhait. Cependant, certains, comme Frantz Vanizette (quartier-maître sur le Dumont Durville) et Puni, l'infirmière de Bora Bora, affirment que ce ne sont pas les restes d'Alain Gerbault qui sont enterrés. Depuis 1951, un monument commémore le souvenir d'Alain Gerbault."


La stèle d'Alain Gerbault est toujours en place non loin des quais de débarquement de Vaitape. Il faut la chercher, presque cachée dans un recoin du marché des artisans. A son abord, on ressent comme un désoeuvrement, une indifférence non loin de l'oubli.


Sources:


www.tahitiheritage.pf


J'ai presque peur de pénétrer dans son lagon et de briser son magnétisme en l'approchant de trop.

Bora Bora Bora
 
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